Thérapie Brève et Intervention Systémiques (modèle de Palo Alto)

Huitième journée, huit ans d’existence.
Huit années au service de la promotion, en France, de la Thérapie Brève Systémique et de l’Intervention Systémique Brève.

Huitième Rencontre © Paradoxes

Les quatre fondateurs de notre association, Chantal Gaudin, Manuela Guillot, Georges Elkan et moi-même, avons été initiés à la Thérapie Brève, au début des années nonante, par l’Institut Gregory Bateson et nous avons cette année, le plaisir et l’honneur d’accueillir son directeur, Jean-Jacques Wittezaele.
Créer cette association a été pour nous le prolongement logique de notre formation et l’occasion de maintenir un lien avec tous ceux qui s’intéressent au modèle de Palo Alto.

Pour cela, notre association s’est dotée, dès le début, d’un site Internet particulièrement riche en textes et mis en forme par notre web master Martine Laroche.
En cherchant bien… oui,  il est tellement touffu qu’il faut être persévérant… vous pouvez y lire les interventions faites lors des sept précédentes journées de l’association, de même que de nombreux comptes rendus de congrès.

Vous trouvez également sur le site un annuaire des professionnels, thérapeutes ou coachs, qui travaillent avec le modèle de Palo Alto, et des informations sur les colloques organisés autour de l’approche systémique et de l’hypnose.

Nous organisons aussi deux ateliers par an qui permettent d’assister à des supervisions commentées en direct et de s’entrainer à la pratique du modèle de Palo Alto lors d’exercices plus ou moins ludiques et de débattre à bâtons rompus… sur la tête ! En 2010, notez-le sur vos tablettes, d’autant que le nombre de participants à ces ateliers est limité à 30, ils se dérouleront les 30 janvier et 19 juin.

Et enfin, notre association organise une Journée de Rencontre annuelle, oui, c’est aujourd’hui, au cours de laquelle des praticiens qui travaillent, dans différents domaines, avec l’approche de Palo Alto, viennent parler de leurs réflexions et de leur pratique.

Nous devons déplorer, cette année, le décès de deux de nos amis : Brigitte Testat qui avait présenté une communication lors de la première journée de notre association en 2002 et Lazare Laskier que certains d’entre vous ont aussi connu.

Au fil des années, nous avons tenté de prendre en compte les feed-back que vous faisiez dans les questionnaires d’évaluation que nous envoyons après chaque rencontre et, ainsi, nous avons inclus le buffet de façon à accroitre la convivialité, nous nous sommes traînés aux pieds de la librairie SATAS pour la faire venir de la lointaine Belgique, nous nous sommes dotés d’une sono très pro et nous avons tenté, en vain, différentes formes de débats qui ne satisfont jamais personne… ceux de cette journée ne dérogeront probablement pas à la règle.

Le modèle de Palo Alto, approche non normative, non pathologisante, s’applique, comme vous le savez, dans tous les champs des problèmes humains, aussi bien dans le domaine médico-social, que dans le monde de l’entreprise et des organisations. De ce fait, notre association regroupe aussi bien des thérapeutes, que des coachs, des formateurs, des travailleurs sociaux, des urbanistes et bien d’autres encore. Nous nous attachons à ce que chaque Journée de Rencontre reflète cette diversité. Il n’empêche qu’à chaque fois, depuis huit ans, les uns se plaignent qu’il y a trop de psy, les autres qu’il y a trop de consultants… Nous accueillerons vos plaintes à ce sujet à la fin de la journée.

Comme il y a parmi vous quelques néophytes et que les autres viennent depuis si longtemps qu’ils ont oublié de quoi il s’agit, je vous rappelle très rapidement ce qu’est le modèle de Palo Alto ou la Thérapie Brève de Palo Alto, pour que vous puissiez suivre ce qui va se dire au cours de la journée.

Il s’agit d’un modèle de résolution de problèmes qui a vu le jour dans les années soixante, au sein du Mental Research Institute de Palo Alto, en Californie.

En voici une version simplifiée en kit :

Au sommet, ou à la base, ça dépend de quel point de vue on se place: les principes théoriques

–  D’une part une conception du monde constructiviste, qui dit que, comme on ne peut connaitre la réalité qui existe en dehors de nous, chacun s’en construit une représentation et qu’aucune de ces constructions ne peut être considérée comme plus juste ou plus vraie qu’une autre,

–  D’autre part, une vision systémique, c’est-à-dire qui s’intéresse aux relations des éléments et des systèmes entre eux, plus précisément, pour ce qui concerne les systèmes humains, aux messages qui sont échangés

Au milieu : la stratégie

Partant du postulat que, quand un problème persiste, ce sont les solutions tentées en vain qui le maintiennent, la stratégie consiste à aller à contre sens de ces tentatives de solution et à les arrêter. Ce contre sens se fait du début à la fin de l’intervention, mais dans la version simplifiée du modèle qui sert à en faire la promotion, on en a surtout retenu la célèbre prescription du symptôme : « tu ne veux plus fumer, fume donc un peu plus ! »

Cette stratégie paradoxale, qui va à contre courant du sens commun, constitue la spécificité de l’approche de Palo Alto.

En bas : les outils

Ceux-ci ne sont pas spécifiques de l’approche de Palo Alto et se résument à deux catégories d’interventions
qui permettent de freiner et d’arrêter les tentatives de solution : les recadrages qui proposent de nouvelles significations et les tâches qui proposent de nouveaux comportements.

La première publication présentant ce modèle de résolution de problèmes date de 1974 (*). Comment se fait-il que, 35 ans après, il ne soit pas plus diffusé ?

Doit-on mettre cette discrétion sur le compte d’un souci de cohérence avec les prémisses constructivistes : puisqu’aucun modèle n’est meilleur qu’un autre, il n’y a donc pas de raison de chercher à mettre celui-ci en avant ?

Ou doit-on incriminer la difficulté, quand on reste cohérent avec les conceptions systémique et constructiviste, à adopter un regard sur le monde qui va à l’encontre de notre formatage culturel ?

Ou encore, cette diffusion confidentielle est-elle liée à la difficulté à adhérer à une conception de la résolution des problèmes qui va à contre sens de ce que nous dicte le bon sens ?

Vous avez peut-être votre opinion sur le sujet et nous pourrons en discuter.

Le Mental Research Institute de Palo Alto a fêté cet été son cinquantenaire à San Francisco et je passe maintenant la parole à nos deux jeunes reporters : Anne Hoffner et Dominique Delaunay qui vont nous raconter ce qu’ils y ont vu et entendu.

© I. Bouaziz/Paradoxes

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(*) Weakland John H, Fisch Richard, Watzlawick Paul, Bodin Arthur M., Thérapie courte: resolution d’un problème circonscrit (publié pour la première fois dans Family Process, 1974, 13, p.141 – 168 ; reproduit dans : Watzlawick Paul, Weakland John H, Sur l’interaction, Palo Alto 1965-1974, Une nouvelle approche thérapeutique, Editions du Seuil, Paris, 1981

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