Thérapie Brève et Intervention Systémiques (modèle de Palo Alto)

Communication à la neuvième journée de Rencontre de Paradoxes, 16 octobre 2010
François Simonot,  formateur et thérapeute.

Si nous connaissons la notion du non-vouloir, ce positionnement si particulier du thérapeute face à son patient, je me propose de vous faire partager, en suivant le cours de quelques séances, l’expérience que m’ont fait vivre trois patients (membres d’une même famille) autour de la notion du non-pouvoir.De ce non-pouvoir découle l’impossibilité de mettre en œuvre le fameux « arrêt des tentatives de solutions », et lorsqu’un thérapeute a la certitude de ne rien pouvoir faire, alors que fait-il ?
Comment le thérapeute peut-il s’appuyer sur son impuissance pour créer un contexte favorable au processus thérapeutique ?

PROLOGUE et INTRODUCTION

Je me propose de vous parler de patients rencontrés dans le cadre d’une thérapie familiale, ainsi que de partager quelques réflexions. Celles-ci sont simples et modestes, et je serai ravi de recueillir celles que ce petit cas pourra vous inspirer.
Tout d’abord je voudrais remercier tous les patients qui m’ont et me font confiance, m’aident toujours, me soignent parfois, me contraignant à être vigilant, à progresser, et m’obligent sans cesse à améliorer mes interventions.
La famille dont je vais vous parler est constituée de trois personnes : il s’agit de Mathilde 31 ans vivant depuis quelques années avec le père de sa petite fille, d’Adrien 30 ans fiancé mais vivant seul et de leur mère. C’est Mathilde qui est à l’initiative de ce rendez-vous. Elle a proposé à son frère d’abord, à sa mère ensuite de faire une Thérapie Familiale.

1ere partie: L’histoire et la situation

Une fois tous les trois installés, un silence lourd et pesant les fige.
Je propose que ce soit Mathilde qui commence en nous disant qu’est-ce qui lui a fait penser qu’une thérapie familiale était peut-être intéressante…
Ce qu’elle dit est approuvé par les autres : « C’est notre dernière chance, c’est l’ultime chose que l’on peut encore tenter, après, si cela ne marche pas, il n’y aura plus rien à faire… » nous dit-elle.

Les trois premières séances sont essentiellement consacrées à l’histoire de la famille et des relations entre ces trois personnes présentes.
Madame est mariée avec le père de Mathilde et d’Adrien – les deux enfants ont juste une année de différence. Les parents divorcent lorsque les enfants ont aux alentours de 11 et 10 ans. Monsieur va vivre non loin de la maison afin de voir ses enfants régulièrement. En fait, il reste extrêmement présent, et de l’avis de tous les choses se passent au mieux.
Mathilde et Adrien suivent une scolarité tout à fait satisfaisante d’autant que Madame, qui était graphiste dans un journal de mode, a renoncé à travailler pour être plus présente auprès de ses enfants. Mathilde s’engage dans des études de journalisme, Adrien dans une grande école d’ingénieur.

Le nœud commence à se mettre en place alors que les enfants ont respectivement 21 et 20 ans.
Un soir, Madame informe ses enfants qu’elle se prépare à partir en week-end à Venise. Mais cette fois, pas accompagnée de l’une de ses amies avec qui elle a l’habitude de voyager (les enfants se débrouillant très bien tout seuls), non ! Cette fois, elle leur annonce qu’elle part avec un homme qu’elle fréquente depuis quelques temps : Didier.
A partir de ce moment, les désaccords, les discordes, les disputes entre les enfants et Madame s’enchainent, deviennent fréquents puis sont constants, de plus en plus forts, parfois même violents…

Ce que reprochent les enfants à leur mère ?

Encore aujourd’hui ils le disent avec force et émotion devant moi : elle a privilégié sa vie de femme aux dépens de sa vie de mère ! Elle a préféré cet homme à ses enfants ! Elle a désinvesti le domicile familial. Ils souffrent que leur mère ne soit pas comme ils la souhaiteraient…
Mathilde va très vite quitter la maison en choisissant d’aller faire ses études en province. Adrien lui aussi part du foyer. Mais la séparation, l’éloignement n’apaisent pas la tension dans les relations.

Durant les 5 années qui suivent, la situation se dégrade. Madame consolide sa relation avec Didier, celui-ci vient vivre dans son appartement. Les enfants ont du mal à supporter l’idée que cet homme s’installe chez leur mère. Didier, par-ci Didier par-là… Mais ils conviennent vite, lorsque je les questionne, que cela serait absolument la même chose avec Paul, Pierre ou Jacques… en effet ils ont toujours refuser de rencontrer Didier. Mathilde raconte encore aujourd’hui avec un dégout profond qu’elle l’a eu une fois au téléphone lorsqu’elle a appelé chez sa mère, expérience qu’elle se gardera bien de renouveler durant de 9 ans !

Finalement, il y a cinq ans, les enfants ont rompu pratiquement toutes relations avec leur mère. Ils se sont parfois juste croisés (jamais avec Didier) lors de grandes réunions familiales.

Madame a été étonnée de la prise de contact de sa fille afin de convenir d’un rendez vous en Thérapie Familiale. Elle a tout de suite accepté, car elle voit là l’occasion de faire comprendre à ses enfants qu’elle souhaite avoir avec eux des relations « normales ». Son ex-mari, sa famille, ainsi que l’ensemble de ses amis, tous ont « accepté » Didier. Madame me demande de faire comprendre à ses enfants qu’ils leur faut accepter Didier, qu’ils arrêtent leurs enfantillages, qu’elle leur a consacré une grande partie de sa vie, qu’elle a renoncé a un travail passionnant…etc.

Adrien lui aussi veut retrouver des relations simples et faciles avec sa mère, mais il ne fera rien sans le consentement de sa sœur. Un lien de loyauté très fort le relie à Mathilde.
Mathilde souhaite également normaliser les relations avec sa mère d’abord pour sa fille : en effet la petite ne voit jamais sa grand-mère, la connaît à peine. Et ensuite parce qu’elle et son compagnon vont se marier dans deux mois et qu’elle souhaite la présence de sa mère ce jour là. Mathilde est en souffrance et en colère.

J’espère que le résumé de ces trois premières séances est a peu près clair. Il m’a été difficile ,à la fin des deux premières séances ,d’identifier et d’ordonner les différents éléments et pouvoir remplir une fameuse grille… En 5 ans de silence beaucoup de questions et de ressentiment sont resté en suspens… Tous les trois parlent de beaucoup de choses en même temps et passent d’un épisode à l’autre, d’une référence à une autre, citant des personnes que je n’ai pas encore identifiées… j’ai du mal à suivre… je me noie dans les cris et les pleurs…

A la fin de la troisième séance je leur demande de réfléchir à quel serait le premier signe fait par l’autre, qui leur ferait dire que cela va dans le sens qu’il souhaite.
Mathilde me rétorque immédiatement : « Mais c’est tout vu… »
Je lui demande d’y réfléchir pour la prochaine fois…
« Non, me dit-elle, c’est déjà fait, si Maman n’accepte pas de me laisser faire le Rebond comme je le souhaite, alors finie la thérapie, fini tout, rien ne pourra plus être entre nous ! »

Me voici complètement déstabilisé, je ne comprends rien !

Le rebond ???

Ils m’expliquent.

2ème partie: Le rebond et le nœud

Mathilde se marie dans moins de deux mois maintenant. Cela doit se passer dans un petit village près de Bordeaux, là où sa mère possède une maison. Cette maison de famille, Mathilde plus qu’Adrien y est très attachée, elle y a passé toutes les vacances de son enfance auprès de ses grands-parents maternels. La mairie, la cérémonie religieuse dans la petite église, la soirée dans la salle des fêtes louée pour l’occasion, tout a été organisé par Mathilde et son futur mari. Mais ce qu’elle souhaite, et ce pourquoi elle est venue devant le thérapeute, c’est de pouvoir organiser « le Rebond » (c’est-à-dire de réunir des invités le lendemain de la fête ) le dimanche dans la maison de famille, maison qui appartient donc à sa mère.

Mathilde a invité sa mère à son mariage, évidemment sans Didier ! Madame a accepté cette invitation unique. Et lorsque sa fille lui a dit qu’elle envisageait le rebond dans la maison, sa mère ne s’y est pas opposée. Ce n’est que lorsque Mathilde a précisé que Didier ne saurait être présent que Madame lui a rappelé qu’elle y était chez elle, et qu’en plus elle descendait de Paris avec Didier, que tout le samedi elle le laisserai seul dans la maison pour se rendre au mariage, et qu’elle ne pouvait pas lui demander (en plus !) de partir au petit matin du dimanche…
Voici le nœud. Mathilde veut la maison « sans » Didier, Madame veut bien prêter sa maison mais « avec » Didier ! Adrien veut ce que sa sœur veut.
Ils me demandent de dénouer la situation au plus vite, chacun voulant la solutionner à son avantage, et au plus vite, ils sont là pour ça, il ne reste que peu de temps….

Ils me mettent la pression…
Je n’avais pas mesuré l’enjeu et l’échéance qu’ils viennent de poser aussi clairement.
La séance se termine.

Que puis-je faire  dans ce nœud (cette double-contrainte), si je tire d’un coté ou de l’autre je ne ferais rien de plus que de resserrer le nœud…quoi que je fasse…
Comment faire ?…
Que faire ?

Ils me « donnent » leur problème et me demandent de le résoudre : mais je n’en veux pas…
C’est le moment de bien se rappeler que les personnes sont libres et responsables…
Je décide alors de la stratégie pour la suite…

Rien.

Rien à faire.

Ne rien faire

Ou plus exactement, faire : rien.

3ème PARTIE : Le faire et le rien

La 4ème séance.
Les trois s’installent….
Je leur dis qu’à la fin de la dernière séance j’ai été déstabilisé…que je n’avais pas mesuré les enjeux… que je voulais revenir sur le problème… et justement, j’entame un petit couplet sur la notion de problème (de la subjectivité, de la difficulté de le formuler…) et leur propose de décrire le problème qui les concerne, mais vu au travers des deux autres.
Par exemple : Adrien donnera une version du problème vu par sa mère :
maman dirait : le problème ce sont que mes enfants me reprochent…
et une autre version par sa sœur, Mathilde dirait : le problème c’est que Maman ne comprend pas….

Ils écrivent donc chacun deux définitions. Puis les lisent, et les personnes à qui elles sont attribuées peuvent recadrer.
Tu dis que le problème pour moi c’est…. Mais en fait c’est plus…

Une fois le nœud décrit, positionné, constaté, mon deuxième couplet intervient : il y a des problèmes que l’on ne peut résoudre… rien à faire !
Je m’approche un peu plus: il y a des membres d’une même familles qui ne s’apprécient pas, ne s’aiment pas, ne veulent plus avoir de contact ensemble…
Je leur annonce que je crois ne rien pouvoir faire pour eux. Je comprends bien que Madame veuille que ses enfants reconnaissent son couple, et que de ce fait, elle ne veuille pas prêter sa maison en mettant Didier dehors. Mais je comprends aussi que Mathilde et Adrien, ayant une mère qui a négligé, abandonné ses enfants pour vivre sa vie de femme alors qu’elle avait des devoirs, lui en veuillent et ne souhaitent pas cautionner cela en rencontrant Didier…

Je me retourne vers Madame et commence :

Madame, j’ai bien noté que la thérapie était la dernière chance de réconciliation, le dernier endroit où vos enfants auraient pu comprendre… hélas ! Cela ne sera donc pas ainsi. Ce problème existe, persiste, depuis 10 ans…il est bien possible que personne n’y puisse plus rien. Alors regardez-les bien, là maintenant, car en sortant d’ici vous descendrez les escaliers et vous arriverez dans la rue, et je doute que vous preniez le même chemin… s’ils tournent à droite, vous irez à gauche… regardez-les bien, Madame, puisque c’est peut-être la dernière fois que vous les voyez ! Bien sûr vous aurez des nouvelles par des intermédiaires… vous apprendrez comment s’est finalement passé ce mariage, sans vous, et puis il est possible que vous appreniez le futur mariage de votre fils, avec une jeune femme que vous ne connaîtrez pas, que vous n’aurez jamais vue. Vos enfants auront aussi des enfants. Vous connaissez à peine votre première petite-fille, vous ne connaîtrez pas les autres, sauf en regardant des photos que vous montrera un lointain cousin. Il est possible que par hasard, dans la rue, un magasin, vous rencontriez l’un de vos enfants avec ses propres enfants qui vous regarderont comme une inconnue. Et puis, dans la vie, il n’y a pas que les événements heureux !  Il y a aussi des malheurs ! Des difficultés, des ennuis, des drames parfois …
Un de vos enfants, ou de vos petits enfants (parfois la vie est si injuste) … sera malade, mourant, mort. Alors, oui, vous irez à l’enterrement, mais de loin, et vous y reconnaîtrez à peine les visages connus déformés par la souffrance… Cette souffrance que vous n’aurez même pas le droit de partager…..

Madame pleure doucement.

Je me retourne vers Mathilde.

Mathilde regardez bien votre mère, vous ne la reverrez peut-être plus jamais…
Autre scénario, similaire… ses enfants qui lui demande où est leur grand-mère… une ombre grise parfois à la sortie de l’école parce que sa mère tente de voir de loin ses petits-enfants…et puis la vieillesse, la maladie, la culpabilité, de savoir sa mère dans un établissement, seule (j’ai fait mourir Didier), agonisante, réclamant sa famille pour ses derniers instants….Et c’est seulement une fois sa mère morte, qu’avec l’héritage elle pourra retourner dans la maison de son enfance…etc.
Mathilde pleure bruyamment.

Je me retourne vers Adrien….il me regarde…Il tremble déjà…
Le 3ème scénario n’a rien à envier aux deux autres…

Lorsque j’ai fini, Mathilde et sa mère continuent de pleurer, Adrien élève ses lunettes pour se frotter les yeux…
Après un silence je leur signifie que la séance est finie et la thérapie terminée, il ne leur reste plus qu’à me payer.

C’est alors que Madame dit : « On a qu’à faire comme vous avez proposé l’autre fois ».
« Pourriez-vous me rappeler ce que j’ai proposé » ? (je ne me souviens absolument pas d’une proposition que j’aurais faite)
« Et bien, reprend Madame, je laisse la maison à Mathilde le dimanche pour son rebond, mais moi et Didier, nous partirons le matin… je serai donc présente le samedi pour la cérémonie, mais pas pour le rebond…mais je lui laisse la maison… »

En effet : je n’ai jamais fait cette proposition, ni même évoqué cette possibilité…

Mathilde réagit instantanément : «  Oui, d’accord, cela aurait été bien que tu soit là aussi le dimanche, mais oui, au moins j’aurais la maison… et nous pourrons faire le rebond… »

4ème PARTIE : La résistance et le paradoxe

Tel un Archimède Palo Altien je commence à exercer  une poussée inverse sur ces trois corps plongés dans le liquide paradoxal : « Madame, cette solution vous fera trop souffrir, pour une fois que vous pouvez imposer Didier à vos enfants !  Et puis si vous acceptez de partir le dimanche, ce sera comme une fuite ! »
Madame répond « Depuis toutes ces années, même si c’est toujours douloureux que mes enfants rejettent ma vie, c’est tout de même le mariage de ma fille, je peux bien lui faire ce cadeau… »

Me retournant vers Mathilde, « Vous n’allez pas croire votre mère, elle que vous décrivez comme une manipulatrice, qui ne considère pas sa fonction de mère comme importante, qui ne tient pas ces promesses… et si le dimanche elle ne part pas avec Didier et qu’ils s’imposent au rebond… ?? » Mathilde : « Non, je crois que si elle le dit devant vous, alors elle honorera sa parole ».
Je reste dubitatif…
Ils se parlent et s’arrangent entre eux, réglant les problèmes techniques de clefs, de matériel de jardin… Adrien faisant beaucoup de propositions… car le dimanche Mathilde ne veut pas croiser Didier… déjà en temps normal, mais le week-end de son mariage !!!

Il ne me reste plus qu’à reformuler le tout afin de bien clarifier leur accord.

Puis, je leur demande s’ils pensent avoir encore besoin de moi, puisque le problème du rebond semble résolu ?
C’est Adrien qui prend la parole et annonce : « Mais c’est maintenant que tout commence ! Puisque maman a fait un pas vers nous, il nous faudra en faire un vers elle ! »
Je leur propose de réfléchir tous les trois pour la prochaine séance prévue après le mariage quel pourrait être ce pas.

Brièvement :
Le mariage et le rebond se sont déroulés comme prévu. Le pas que les enfants ont proposé à leur mère fut un apéritif chez elle, en présence de Didier (ils ne sont pas retournés dans l’appartement depuis des années).
Madame est aux anges…
Il m’a fallu développer toute une énergie pour maintenir le freinage : « êtes vous sûrs d’être prêts, cela semble trop précipité, Didier dans l’appartement de votre enfance…etc. »
Mais ils y ont tenu. Alors il a fallu réfléchir : « lorsque vous allez arriver, comment allez-vous dire bonjour à Didier ? L’embrasser est impossible, lui serrer la main peut paraître distant… ?? Et si votre mère s’absente pour aller chercher des choses à la cuisine vous resterez seuls avec Didier !!…etc. »

Nous avons ainsi organisé, prévu, cet apéritif dans les moindres détails: l’arrivée des protagonistes (Mathilde demandant à son frère de l’attendre pour arriver ensemble),  l’interdiction à Madame de sortir de la pièce (c’est Didier qui irait à la cuisine si besoin), comment devait réagir Didier si la fille de Mathilde s’approchait de lui (il lui a été permis de lui parler mais en aucun cas de la toucher, de la prendre dans ses bras, sur ses genoux…), nous avons établi une liste de sujets de discussions possibles (les sujets interdits étant trop nombreux à lister) et prévu jusqu’à un code d’urgence (essentiellement pour Mathilde) : si l’un d’entre eux n’en pouvait plus, alors il pourrait prononcer une phrase clef, permettant aux deux autres de l’aider à mettre fin à cette rencontre.
En dernière question je demande à chacun, combien de temps devrait durer cet apéritif pour pouvoir dire que ce premier pas est réussi ?
Madame répond 2 heures, Adrien 1 heure et demie, Mathilde 45 minutes.
Nous avons convenu que s’il durait au moins une heure nous pourrions l’évaluer comme une réussite.

Il dura une heure et demie.

CONCLUSION et ÉPILOGUE

Quelques temps, quelques séances plus tard : nouvelle proposition, un repas.
Moi : «  Hum, un diner, ce n’est peut-être pas une bonne idée, après avoir fait l’évaluation de l’apéritif, même si elle a été positive dans l’ensemble, je vous rappelle qu’il y a eu des moments émotionnels compliqués à gérer… Et puis, vous voyez, durant un apéritif, si cela m’est difficile à supporter je m’en vais sans problème, alors qu’en plein diner…il y a plus de contraintes, il faut au moins attendre le dessert… ! » Mathilde pense que si elle a tenu une heure et demie, elle peut faire un peu plus…
Aujourd’hui Mathilde n’est toujours pas très à l’aise avec Didier, Adrien lui, a plus de facilité à converser seul avec lui…
Ils organisent régulièrement des rencontres tous ensemble.
Adrien s’est marié. Il a invité sa mère, mais pas Didier par fidélité et loyauté envers sa sœur (Didier n’étant pas au mariage de Mathilde, même si les relations sont nées et commencent à s’étoffer, il ne pouvait pas être au mariage d’Adrien).
Mathilde et son compagnon attendent leur second enfant.

La stratégie de « faire : rien » n’est-elle pas liée à un freinage maximal ? à l’arrêt des tentatives de solution ? Ne rien vouloir pour l’autre, est-ce la même chose que de ne rien faire pour lui ?
Plus que le thérapeute, n’est-ce pas le cadre qui est thérapeutique ?

© François Simonot / Paradoxes

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